Ce projet découle d’une recherche approfondie sur les espaces d’entrées des maisons vernaculaires situées sur différents continents. La caractéristique commune entre les entrées des maisons est l’idée de gradation, de séquence d’espaces. Chacune de ces entrées présentent un espace remarquable qui incarne l’interdépendance entre l’habitant et son environnement.

Au lieu de chercher à concevoir une entrée pour une maison particulière, le projet interroge, au moyen d’un dispositif spatial, les divers seuils et leurs interactions. L’installation réécrit la séquence d’entrée à travers une série de volumes géométriques simples qui s’emboîtent. Elle compose une anamorphose, une image de porte : un rectangle bleu outremer entre deux murs et un linteau, visible uniquement d’un seul point de vue. Au fur et à mesure de son avancée, le spectateur est plongé dans l’épaisseur d’une porte. L’anamorphose se décompose ensuite pour révéler une séquence de trois seuils superposés, définit par trois formes géométriquement simples. Bruno Munari attribue des qualités architecturales à ces trois formes essentielles, le projet adopte cette approche afin de recréer les différents univers d’une entrée : le cercle symbolise l’espace extérieur sublimé, le carré incarne un lieu accueillant empreint d’attente, tandis que le triangle équilatéral représente l’espace le plus intime. Ces trois séquences ne sont pas isolées par des filtres ou des cloisons. Elles se fondent et se ferment progressivement pour générer une atmosphère intérieure.

Le projet utilise une structure en bois et une couche de finition lissée, composée de mortier de calcaire pigmenté. Pour prévenir les risques de fissuration associés à la structure en bois, le mortier de calcaire est appliqué sur un matériau traditionnel : un treillis en roseau fixé sur des panneaux contreplaqués.

La couleur bleue, traditionnellement utilisée pour peindre les ouvertures, notamment dans la région méditerranéenne, est chargée de significations culturelles, sociales et esthétiques anciennes. Elle joue également un rôle protecteur contre la chaleur intense et les agents infectieux. Dans le projet, le pigment utilisé est le bleu outremer, une teinte profonde qui intensifie l’expérience d’immersion dans l’installation, mêlant l’environnement vivant au symbolisme culturel.